En parlant de la finale il la qualifie de forme sonate "très libre", mais si le sol majeur va vers la ré majeur et ensuite le ré majeur par mi mineur avant la réexposition entièrement en sol majeur, la forme est très fidèle à la définition donnée par Riepl. C'est uniquement par rapport aux critères de Czerny que la suite des thèmes pourrait être qualifiée de "très libre" puisque pour lui c'est la suite des thèmes autant que celle des tonalités qui compte dans la définition nue - mais pour Riepl ce ne sont que les tonalités qui comptent avec le proviso que la partie en tonalité sécondaire dans l'exposition doit réapparaître en tonalité primaire dans la réexposition. Et c'est Riepl qui était la référence pour Haydn, tandis que Czerny écrivit après Haydn en admiration rétrospective pour Beethoven: quasi "le petit-fils" de Haydn (dont l'élève Neefe fut l'instructeur de Beethoven quelque temps). Comme si on parlait d'une méthodologie très libre chez Socrate parce qu'il ne suit pas ou alors librement les règles de l'Organon d'Aristote qui fut aussi élève d'un élève de ... Je vous cite une observation de détail:
Le plan de l'exposition est écourté dans la réexposition. On peut y noter une transformation inhabituelle des doubles croches de la mesure 2 en triples croches, au cours du développement des mesures 195-199.
Mais c'est en 194 qu'on retrouve 2, transposée une octave vers le haut. Avec ses doubles croches après une noire pointée. Or, en 195 on trouve effectivement des triples croches: d'abord une noire, ensuite une croche pointée, et après ça deux triples croches. Mais ces quatre notes se trouvent une octave audessus des quatre croches de mesure ... 3.
Comme on pourra vérifier. Et la première note de 196 est également une octave audessus de la première en mesure 4.
Que la mesure 3 soit remaniée en prolongeant sa première note en 195 - qui pourra qualifier tel procédé d'inhabituel? Les doubles croches en 2/194 montent vers une emphase, qui est un peu plus longue simplement. Ensuite, augmentant une croche en une noire, il restait l'espace des deux croches pour les trois notes. Logiquement on mettrait alors une croche et deux doubles croches, mais après la figure noire pointée et deux doubles croches celle d'une croche pointée et deux triples croches sert de diminution rythmique exacte. Haydn n'a pas voulu se priver de cette référence interne intensifiée.
Réadapter les motifs, suremphatiser les emphases, augmenter le nombre des parallèles internes, aucun élément du changement n'est pas inhabituel du tout entre les parties d'une forme sonate. Et ensuite il y a une imitation-séquence sur 195 dans les mesures 197-199, un peu comme un stretto. Chic, oui. Une nouveauté (comme l'est 195 rythmiquement par rapport à 3) se doit d'être exploitée, non cachée. Chic, mais pas inhabituel.
Sans doute Pierre Barbaud est un bon musicien, sans doute il peut entendre la musique dans sa tête en le lisant, ce qui n'est pas mon cas. Mais en technique de composition, il a encore à apprendre, s'il voudra, et j'ai un peu à enseigner qu'il n'a pas là lui-même à donner. Entretemps, j'ai surtout utilisé ma culture en technique de composition pour composer. Qu'il jette peut-être un oeil ou deux sur mes oeuvres?
Oupce ... s'il écrivit en 1955, il n'est plus là sur terre pour le faire. Bon, +RIP et que ses successeurs profitent bien! Peut-être la première chose que j'ai observée est plutôt derrière les temps, peut-être qu'entre-temps on lit ici aussi Rosen et Reti et Budday. Mais qu'on lise alors aussi mes partitions, s v p!
Hans-Georg Lundahl
Médiatèque Musicale
des Halles / Paris
Exaltation de la Sainte Croix
14-IX-2012
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