La Sonate et la Sonatine


Parfois on définit la Sonate comme ayant trois mouvements découpés par différences du tempo, ou un peu d'avantage, dont une au moins en autre tonalité que les extrèmes, et la Sonatine comme n'ayant qu'un. Or, les premières Sonates étaient précisement des Sonatines. Donc, le mot Sonate convient à la fois à la Sonatine et à cette autre Sonate plus grande qui en a trois. Celle qui n'en a qu'un peut donc être appelée soit Sonate, soit Sonatine. En latin le mot Sonata n'a pas de diminutif comme en italien Sonatina. Il y a entre ces formes ceci en commun que la forme, du seul mouvement ou d'un ou plusieurs des trois/quatre, dont le premier Allegro, une binarité. La forme du Menuet aussi est binaire, mais pas de la même façon tout-à-fait. Ceci est d'abord la forme d'un Menuet:

//: phrase A en tonalité primaire
phrase B en tonalité sécondaire ://
//:(retransition)
phrase A ou C en tonalité primaire
phrase B cette fois ci en tonalité primaire aussi://


C'est la forme d'un Menuet et non d'une Sonate parce que:
1) dans la seconde moitié aussi la première phrase aussi ou une autre qui la remplace n'apparaît que dans la tonalité primaire;
2) et qu'à part l'éventuelle retransition les phrases restent au même nombre dans les deux moitiés;
3) et qu'il n'y a que deux phrases.

Par contre:
1) ayez la première phrase (si elle réapparaît) d'abord (ou seulement) dans la tonalité secondaire (ou déjà une tonalité tertiaire) au début de la seconde moitié;
2) ou ajoutez des phrases par mode de répétition (si par exemple la première phrase réapparaît d'abord en tonalité sécondaire et ensuite en tonalité primaire, par exemple) ou simple intercalation dans la seconde moitié;
3) ou ayez encore peut-être aussi plus que deux phrases déjà dans la première moitié, p ex jusqu'à deux phrases par les deux tonalités, ou encore une phrase ou deux supplémentaires pour la sécondaire;
1-2-3) ou plusieurs de ces traits en combinaison, alors c'est la forme sonate.

//: tonalité principale:
A, (B)
tonalité secondaire:
(C), D ((E), F) ://
//: toujours secondaire ou déjà tertiaire
ou en commençant à la secondaire pour arriver à la tertiaire:
A, (B) / G
(C), D ((E), F), (H)
(retransition)
tonalité primaire:
(A, (B))
(C), D ((E), F) ://


Par "A, (B) / G" au début de la seconde moitié, je veux dire qu'une autre phrase peut, comme dans la forme du Menuet remplacer la première phrase, par (H) qu'une nouvelle phrase (ou plusieures) peut aussi venir à tître "d'excursion" avant le retour à la tonalité primaire. Ceci est quasi la basse commune ou au moins ma synthèse entre la forme de Scarlatti et celle que le théoricien Riepl donna à Mozart et Haydn.

Par D, phrase obligatoire à deux endroits, j'entends une phrase finissant en cadence parfaite forte. Item pour l'éventuelle phrase F. S'il y a une phrase E entre les deux, elle est de demicadence, comme l'éventuelle C.

Par A, (B) au début de la première moutié, j'entends que la tonalité primaire peut être représentée par une ou deux phrases. La seule peut finir sur cadance parfaite faible ou demicadence, les deux sur les deux dans cet ordre, d'abord la cadence parfaite faible, ensuite la demicadence.

La tonalité secondaire est dans la tradition viennoise classique la dominante pour une primaire en mode majeur, ou la tierce pour une primaire en mineur. La tertiaire est donc la sexte en mineur pour la primaire en majeur et la quinte en mineur pour la primaire en mineur. Une tradition préclassique ressentie par Riepl comme du baroque avait pour les deux modes la secondaire en quinte et la tertiaire en tierce de la gamme principale. Domenico Scarlatti, lui aussi baroque, pouvait bien utiliser aussi la quarte ou une tierce ou sexte ou même une seconde ou septième comme tonalité secondaire. Et lui, il ne faisait pas si souvent utilisation des demicadences comme des répétitions tronqués pour enchaîner les phrases au sein d'une moitié (ou même entre les moitiés et leur répétitions).

D'où vient la tradition de plusieurs mouvements dans une Sonate? Ça fut introduit par Corelli, et le modèle semble avoir été l'Ordre des compositeurs français comme François Couperin. Mais dans l'Ordre, si les tempi changent, la tonalité demeure la même. Et la forme binaire de chaque mouvement est plus courte, la première moitié pouvant finir en demicadence, comme dans les plus courtes formes de Menuet, et peut-être aussi (là je suis moins sur) moins découpée en phrases délimitées.

Hans-Georg Lundahl
Médiat. Musicale des Halles
St Matthieu Apôtre
21-IX-2012

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